Naissance et développement du
RACING CLUB FRANC COMTOIS

 

Au début du XXème siècle, le football entrait peu à peu dans les moeurs du paysage français. Importé par les Anglais, à cette époque le plus grand club de France était le Racing Club de France. Au niveau régional, le Racing Club Bourguignon faisait office de club dominant.
Le 21 juillet 1904, un groupe d’amis composé d’Étienne Laloué, Grégoire, Martin, Dumas et Gardet, prirent la décision de créer un club : le Racing Club Franc-Comtois était né à Besançon. Son premier président était monsieur Gelie. 

Monsieur Grivet, commis d’architecte, crée le logo du RCFC, représentant un aigle noir dans un cercle héraldique bleu et rouge, sigle ressemblant à celui de la Ville de Besançon. 

Le but de ce club, appelé à un avenir prometteur si l’on considère les engagements reçus, est de créer à Besançon un centre sportif digne de rivaliser avec les meilleurs clubs français et étrangers. Le principal objectif sera de trouver un terrain où pourront se pratiquer de nombreux sports comme le cyclisme, le football, la course à pied et d’autres.

Le RCFC est alors un club amateur où de jeunes gens se réunissient pour pratiquer les sports athlétiques. Le football, lui, n’apparait au sein du club qu’à partir de 1905, à l’initiative de jeunes passionnés. Ils prennent ensuite le chemin des terrains le 8 octobre à 14H, pour le premier entraînement sur le terrain de la société des Prés de Vaux. 

Le premier match de championnat officiel aura lieu en 1906 au sein du “Championnat de l’Est” lors de la saison 1905-1906. Composé alors de 3 équipes, le RCFC sera opposé aux Sports Réunis de Montbéliard ainsi qu’à l’Etoile Sportive Comtoise. Ce dernier sera le grand rival de l’époque, que les Racingmen battent pour la première fois lors du premier derby bisontin, le 20 mai 1906.

La saison suivante sera marquée par un changement de division puisque le RCFC dispute dorénavant le championnat de Bourgogne Franche-Comté, avec comme seul adversaire le RC Bourguignon. Il s’agit, cette saison-là, du premier titre pour les Bisontins !
De 1907 à 1913, le RCFC remporte chaque année le championnat face à des adversaires tels que le SR Belfort, le RC Bourguignon, le SR Valentigney ou encore l’US Dijon, l’US Dôle et Chalon sur Saône.

Le maillot rouge frappé de l’aigle noir est devenu une équipe phare de la région. Il fait maintenant office de tête d’affiche alors que les pratiquants de l’association considèraient les Montbéliardais comme invincibles, et les Belfortains comme les rois du ballon rond à la création de la section football du RCFC.

La guerre mondiale déclenchée en 1914 impacte le monde entier, et le Racing Club Franc-Comtois n’est pas une exception. Au cours de cette période, 200 membres du RCFC sont mobilisés. Toutefois, le club bisontin récupère son titre de champion en 1916 et 1917 grâce à de jeunes joueurs ayants pris la relève des aînés envoyés sur le front.
Le 21 décembre 1918, après la signature de l’armistice, le RCFC crée un livre d’or à la mémoire de ces sociétaires tombés au champ d’honneur. Dans les années d’après-guerre, le club bisontin va perdre sa suprématie régionale au détriment de l’AS Valentigney. 

Le 19 septembre 1921 sera une date historique dans les annales du Racing, puisqu’il jouera son premier match de coupe de France le long du Doubs face à son voisin, la Bousbotte Association. Défaits au premier tour cette année-là, les Racingmen iront jusqu’au second tour la saison suivante après avoir éliminé Auxerre de la compétition. La réception de Sélestat, champion d’Alsace à de multiples reprises, est l’occasion pour les Bisontins de s’étalonner à  une équipe de valeur avec laquelle  le jeu fut de niveau sensiblement égal. Malgré la qualité de son jeu, le RCFC est battu 4 à 1.

 

La construction du stade Leo Lagrange, un passage obligé

Pas de grand club sans grand stade. L’idée nait en 1916 dans la tête du président M.Guenot qui pense l’édifier aux Pres de Vaux. Un commencement d’exécution voit le jour en 1919. On entreprend de surélever d’un ou deux mètres la totalité des six hectares du terrain des Prés de Vaux, mais après quelques mois d’un labeur interminable, les dernières énergies renoncent. Le danger d’inondation a ruiné le projet. Une autre initiative établissant le stade dans la boucle du Doubs, à Chamars est évoquée. Mais Chamars étant un terrain militaire, l’armée ne donne pas suite.
Les dirigeants du RCFC se chargent eux-mêmes de trouver un terrain convenable, route de Gray, et d’assurer les aménagements. L’inauguration a lieu le 23 octobre 1927. Les installations de la Gibelotte, conquises sur un terrain rocheux et boueux, offrent le spectacle d’un terrain principal entouré d’une piste de course à pied. La pelouse est entourée d’une main courante et d’un chemin cendré. Un coquet pavillon abrite les vestiaires, les douches,  l’infirmerie, le bureau du directeur du stade et les premières tribunes couvertes jamais élevées à Besançon.

L’édification d’un stade, cette fois municipal, à l’instar de ce qui se passe dans les grandes villes de France se pose bientôt. Le conseil municipal, sur proposition de M.Siffert décide la construction d’un stade vélodrome à la Gibelotte. Trois ans de travaux, mobilisant 200 compagnons, sont nécessaires à la réalisation d’un stade d’une superficie de deux hectares. Il est inauguré les 8 et 9 juillet 1929 par le ministre de l’Education Nationale. Joseph Gianoli, entrepreneur et président de la section football peut être fier, lui qui a assumé la plus grosse part des travaux de ciment armé.    

Sportivement, il faut attendre 1935 pour voir le Racing revenir sur le devant de la scène en s’attribuant le championnat de DH Bourgogne Franche-Comté. Il remportera ce trophée régulièrement au cours des 10 années suivantes.
Viser plus haut que le championnat régional, c’est l’ambition des Racingmen ! Le 30 mai 1943, le RCFC finit par gravir les différents échelons en phase finale nationale pour disputer sa première finale du championnat de France amateur (zone occupée), perdue 2-0 face à Angers à Saint-Ouen . 

Professionnalisme et victoire en coupe Drago 

 

Un homme va modifier profondément le cours de l’histoire du RCFC. Désireux de dépasser le cadre étroit des routiniers matches Racing-Bousbotte Besançon, devenu PSB (1943), le président Joseph Gianoli, dès le mois de mai 1945, se décide à écrire à la Fédération Française de Football pour demander des renseignements sur la formation d’une équipe professionnelle. La réponse tombe trois mois plus tard.  Lors d’une réunion tenue sur le sujet à Paris, à laquelle participaient deux émissaires bisontins, Louis Gambardella et Gabriel Hannot annoncent sans autre formalité que le RCFC est admis à prendre part au championnat de France professionnel. L’entreprenant entrepreneur Joseph Gianoli devient président de la nouvelle commission professionnelle du club. Lucien Laurent, premier buteur de l’histoire de la coupe du Monde avec la France, est entraîneur, continuant parallèlement une longue  carrière de joueur qui l’a vu notamment porter les couleurs du FC Sochaux (1930-1932).

Le RCFC dispute sa première rencontre pro en déplacement à Mulhouse et l’emporte 4-0 avant un premier succès au vélodrome devant Douai (5-0). Pour sa première apparition dans le groupe nord de la Division II, il finit à la 9ème place.

La saison suivante, dans un groupe unique à 22 clubs, il dispute un premier derby face au FC Sochaux et s’incline lourdement 7-0 devant 7.000 spectateurs dépités. Les supporters bisontins doivent attendre la saison 1950-1951 pour voir leur équipe performer dans cette Division II. Le RCFC, 4e de l’exercice, dispute sans succès les barrages d’accession en Division 1 contre Lens, Sète et Rouen ? En 1949-1950, le RCFC s’était incliné en un quart de finale de la coupe de France contre Troyes dans un match à rejouer au Parc (3-2).

Couronnée municipalité la plus sportive de France par le journal L’Equipe en 1961, Besançon est pourtant loin d’en avoir fini avec ses gammes. Malgré un quart de finale perdu à une minute de la fin contre Sedan (1-2) en 1953-1954, les saisons s’achèvent souvent dans le ventre mou du championnat.

Pourtant, en 1958-1959, le RCFC rêve de première division jusqu’à l’ultime journée. Besançon reçoit Toulon, autre candidat à une place de troisième ou de quatrième, synonyme d’accession puisque quatre équipes sont promues cette saison-là. Mais devant 9000 spectateurs, le Racing se laisse surprendre par les Varois (2-3) et laisse s’échapper sa chance d’un souffle. Le Havre (1er), le Stade Français (2e), Toulon (3e) et Bordeaux (4e) montent en D.1. Suivent Grenoble, Metz et Besançon septième, terminant à quatre points de Toulon dans les conditions que l’on sait.   

Dans ces années cinquante et soixante, la coupe Charles Drago est organisée par la ligue nationale de football. Elle permet aux équipes professionnelles, éliminées avant les quarts de finale de la coupe de France, de se disputer un challenge forcément prisé par ces équipes professionnelles et le public. Elle fut organisée entre 1953 et 1965.

La saison 1961-1962 aurait pu rester dans les annales comme assez quelconque, avec une modeste septième place en championnat et une élimination prématurée au sixième tour de la coupe de France à Blanzy Montceau (2-1). Paradoxalement le Racing Club Franc Comtois va décrocher le premier trophée de son histoire au niveau professionnel. Un événement devenu une « Légende » du sport bisontin dont on parle encore aujourd’hui.

Nice, Bordeaux, le RC Paris, Sedan, Monaco tombent successivement au vélodrome bisontin

La coupe Drago va réconcilier le public avec ses joueurs. Elle se déroule sur le terrain du plus mal placé dans la hiérarchie nationale, ce qui va permettre au RCFC d’évoluer six fois consécutivement à domicile et fidéliser des spectateurs de plus en plus séduits.

Le premier tour voit les Bisontins écarter Nice (4-3) grâce à un but Bielicki (88e). 4000 spectateurs se pressent ensuite pour voir l’intenable Biélicki signer le « coup du chapeau »   et venir à bout de Bordeaux (3-0). Les choses s’annoncent encore plus sérieuses au troisième tour en voyant Lens, un grand de Division 1, débarquer au stade Leo Lagrange. Mené au score, le RCFC revient et s’impose grâce à Zaetta (2-1).

Les enjeux montent d’un cran le tour suivant avec la réception du Racing Club de Paris, un des favoris pour le titre de Division 1, avec sa triplette centrale Heutte-Ujlaki-Marcel. Les buts parisiens sont gardés par l’ex-bisontin Daniel Varini qui ne s’attendait pas à d’aussi chaudes retrouvailles. Un doublé de Di Blas propulse le RCFC en quart de finale (4-0).  

Le Racing n’a pas le temps de savourer que se profile Sedan, le vainqueur de la coupe de France la saison précédente. C’est un combat principalement défensif, le gardien bisontin Cluzel multipliant les arrêts décisifs. Un contre de Di Blas (23e), un pénalty transformé par Cassar (51e) puis un nouveau achevé par Fernandez (78e)à font sensation. Sedan est éliminé (3-1).

Les hommes de Roger Meerseman doivent ensuite gravir l’Everest en demi-finale. Monaco, c’est tout simplement le champion de France en titre, tenant de la coupe Drago. Dans ses rangs, les vedettes nationales de l’époque, Hidalgo, Douis ou Theo. Le jeu léché des Monégasques va être débordé par l’envie et l’enthousiasme de Bisontins qui ont pris confiance au fil des tours. Le RCFC mène 2-0 après vingt minutes de jeu, Zimmermann puis Bielicki ayant assommé les joueurs de la Principauté. Zimmermann (84e) porte l’estocade (3-1).  6000 spectateurs envahissent la pelouse au coup de sifflet final !

La finale se dispute à Limoges contre le Havre, club doyen de l’hexagone.  Sans doute inhibés par l’enjeu, Les Racingmen pêchent dans la finition malgré de nombreuses occasions. Les Normands sont heureux d’atteindre la prolongation durant laquelle Bonato (118e), pourtant blessé, marque le but victorieux.  

À leur retour à Besançon, les joueurs du Racing reçoivent un accueil triomphal de la gare Viotte jusqu’à l’Hôtel de Ville par une foule en liesse et défilent dans des « Américaines ». Ils sont reçus par l’adjoint au maire qui les félicite pour cette performance. Une page d’histoire du football bisontin vient de s’écrire.      

Aux portes de la Division 1, puis le dépôt de bilan

 

De cette coupe « tombée du ciel » nait une joie indicible qui va s’estomper au fil du temps. Mais ce genre de triomphe romain est censé en appeler d’autres…  Les héros d’un jour doivent faire face à des obligations qui ne leur correspondent pas forcément. La décennie qui suit la conquête de cette coupe Drago est marquée du sceau de la déception.

1962-1963 vaut principalement par deux derbies contre Sochaux. A Bonal, le RCFC tient tête à Sochaux devant 12.000 spectateurs (0-0). A la Gibelotte, devant 10.000 spectateurs, Lucien Bruat (24e) et Gilbert Zimmermann (81e) offrent au RCFC un succès de prestige.

Mais la traversée du désert est longue. Malgré l’éclosion de talents comme Jean-Pierre Roset, 320 matches avec l’équipe professionnelle bisontine, et considéré comme un des meilleurs gardiens de Division 2 sinon le meilleur, le Racing stagne dans les profondeurs du classement. Le point d’orgue est atteint en 1968-1969. En encaissant un cinglant 11-1 à Cannes, la plus lourde défaite depuis son arrivée dans le monde professionnel, le RCFC chute encore d’un cran à Angers (11-0). De quoi faire passer au second plan les 23 buts inscrits pendant la saison par Daniel Kloetty, le fils de Jean Kloetty, ancien joueur du club (1939-1944).

1969-1970 sera un chemin de croix pour le RCFC qui finit quinzième sur seize d’un championnat qui s’achève sur une refonte. Rebaptisé National, il comprendra désormais trois poules géographiques.  Discrètement, une page d’histoire s’est tournée puisque Serge Labourier, président de 1953 à 1969 a jeté l’éponge. Il est remplacé par l’inexpérimenté Jean-Pierre Liard qui n’a que 27 ans. Le Racing prend une anodine neuvième place (1970-1971), l’attaquant argentin José Balducci, qui a rejojnt son compatriote Jésus Fandino, inscrit quinze buts. 

Après vingt-six ans passés dans l’univers professionnel, le RCFC est obsédé mais aussi exaspéré par une accession en Division 1. Jamais il ne sera aussi proche du Graal que pendant la décennie des années 70 durant laquelle de nombreux joueurs de D.1 comme l’ex-international Robert Szepaniak, vont rejoindre la capitale comtoise, forgeant ainsi une solide réputation au club dans le milieu.  

Troisième à la trêve de la saison 1972-1972, le RCFC, entraîné par Pierre Ninot, finit huitième à quatre points d’Avignon, troisième. En trois saison, José Balducci vient de marquer 45 buts. La montée en régime est perceptible. Les dirigeants persévèrent. Pendant l’été 1974, ils réalisent un coup retentissant. Ancien capitaine de l’équipe de France, le Monégasque et longtemps sochalien Claude Quittet retrouve les bords du Doubs.

1976-1977 débute par une mauvaise nouvelle. Les dirigeants de la société Adidas qui l’ont embauché demande à Claude Quittet d’abandonner le professionnalisme, ce qu’il ne peut refuser. Champion d’automne, le RCFC, malgré l’efficacité de José Sanchez (15 buts) et Jean-Pierre Kern (11 buts) se classe sixième du groupe B. On note la création du centre de formation en 1977.

La saison suivante, le RCFC décroche un second « titre » honorifique de champion d’automne. Cette fois, la trêve est bien digérée et il devient évident que le titre se jouera entre Besançon et Angers qui se rencontrent devant 16.000 spectateurs et se quittent sur un score nul (0-0). A trois journées de la fin, le RCFC a un point d’avance et une meilleure différence de buts sur Angers. Mais contre toute attente, les Racingmen s’inclinent devant Saint-Dié (0-1) puis craquent à Melun (0-2) avant de perdre le dernier match à domicile face à Arles (2-3). Le ressort est cassé. Le public, déçu et résigné (4000 spectateurs seulement) boude le match aller des barrages d’accession en D.1 contre le Paris FC (1-3). En pleine coupe du monde, Besançon fait illusion, menant 2-0 au match retour avant de s‘écrouler (3-2). La déception, pour ne pas dire le traumatisme, est immense.  

 

Dépôt de bilan en 1981 et cessation d’activité en 1986

Persuadés qu’il ne manque pas grand-chose pour que le RCFC franchisse enfin cette dernière marche, Jean-Pierre Dumont et Jacques Bergier vont prendre progressivement quelques risques financiers. Des risques calculés en cas d’accession évidemment. La pression monte avec l’arrivée de l’ex-international lyonnais Jean Gallice durant l’été 1979 mais le RCFC doit rapidement remiser au placard ses ambitions. Même un huitième de finale de coupe de France contre l’abordable Orléans futur finaliste débouche sur deux défaites, dans le Loiret (1-0) puis devant 8000 spectateurs (1-2).

La saison 1980-1981 a des airs de quitte ou double. On comprend vite que le titre est promis à Montpellier – La Paillade SC. La bataille pour la place de barragiste tourne au duel avec Toulouse. Le dénouement est digne d’une tragédie grecque puisque le dernier match se dispute au stadium où Besançon doit l’emporter pour disputer les barrages d’accession. Après un but de la tête de Luc Bruder (88e) refusé pour une faute imaginaire, le RCFC reste en D.2 (0-0).

Alors que la saison 1981-1982 repart comme si de rien n’était, l’annonce du dépôt de bilan le 26 novembre 1981 fait l’effet d’une bombe dans la capitale comtoise. Si les difficultés financières étaient connues, plusieurs dirigeants s’étant portés caution bancaire à titre personnel, personne n’imaginait qu’un tel scénario se produise.

Le jeudi 3 décembre, le club est mis en régime judiciaire par le tribunal de grande instance qui impose un allégement de la masse salariale. C’est l’hémorragie. Les jeunes du centre de formation sont lancés dans le grand bain par Daniel Varini. Ils assurent le maintien. La dixième place récoltée avec 27 joueurs utilisés ne dissipe pas le malaise.

Le déficit de sept millions de francs oblige à des restrictions financières drastiques. Daniel Varini est remplacé par Paul Orsatti, détenteur du diplôme d’entaîneur. Si le RCFC assure son maintien à quatre journées de la fin de l’exercice 1982-1983, la situation financière s’aggrave, le syndic Maitre Jacquot se résignant à signer l’arrêt de mort du club qui obtiendra toutefois le sursis dans des conditions rocambolesques.

Paul Orsatti bénéficie de l’aide de son ami Jules Accorsi, lui aussi rompu au football professionnel à travers le SEC Bastia, qui cherche à rencontrer Jean Michel, un industriel bisontin de haut vol en vacances dans l’ile de Beauté. D’abord réticent, Jean Michel accepte la présidence après de longues discussions. Le syndic accepte de lui remettre les clés du RCFC. Jean Michel annonce viser la montée en D.1 en trois ans, suscitant l’incrédulité générale.

Arrivent alors de nombreux jeunes bastiais évoluant en Divison 3, l’international marocain Azzedine Amanallah et dans les buts un certain… Bernard Lama.  14e en 1983-1984,  7e en 1984-1985, le RCFC, en dépit de l’efficacité de Pascal Mariini (32 buts au cours des deux saisons) ne décolle pas.

Financièrement, le club est au plus mal. En acceptant de doter le RCFC d’un million de francs par an pendant trois ans, le conseil général du Doubs apporte un nouveau sursis le 20 mai 1985. Le conseil municipal de Besançon accorde lui aussi sa confiance à Jean Michel en votant une subvention d’un million, renouvelable pendant trois ans.

Sportivement, la période estivale 1985, synonyme de recrutement, ne permet pas de compenser le départ des meilleurs éléments. Paul Orsatti tire la sonnette d’alarme avant de résilier son contrat le 26 décembre 1985.  L’exemplaire sociétaire Luc Bruder, pourtant passionné de formation, est propulsé entraîneur. Le RCFC arrache son maintien lors du dernier match de la saison à Reims, grâce à une meilleure différence de buts.

Le 17 avril, Jean Michel démissionne, le déficit étant de 3 millions de francs. Le Maire Robert Schwint quitte ses fonctions au sein du comité directeur. L’arrêt de mort du RCFC est prononcé le 24 juin 1986. Les conseillers municipaux constatent que les subventions exceptionnelles ne servent qu’à résorber le passif de 1981 et que le déficit s’est creusé de 3,4 millions de francs au cours des deux dernières saisons. La décision est prise de ne pas reconduire pour 1987 les trois millions de subvention.

Le jeudi 26 juin 1986, les dirigeants du club, réunis en assemblée générale extraordinaire décident de cesser toute activité. En pleine coupe du monde au Mexique, la disparition du Racing Club Franc-Comtois, après 41 années consécutives en Division 2 passe inaperçue dans le paysage sportif.                                                                                                                                                                

La reconstruction

 

Le club est aligné en 4ème division en 1986-1987, le niveau où opérait la réserve l’année précédente. Les clameurs se sont tues. Le professionnalisme a vécu. Il faut repartir de zéro, mais sur quelles bases ? 

Le courageux Bernard Bouchet, devenu président de la section amateur, découvre des conditions plus que difficiles. Il n’y a plus ni ballon, ni jeux de maillot, plus rien en fait. C’est une page vierge.

L’effectif professionnel ayant migré vers d’autres cieux, l’entraîneur Yves Moureaux compose avec des joueurs sans expérience qui constitue l’équipe première du RCFC (19 ans de moyenne d’âge). Le libero Éric Diot est le seul joueur ayant appartenu au groupe professionnel. L’équipe compte six juniors pour le match d'ouverture contre Annemasse. Une période d'apprentissage s'avère donc nécessaire pour cette équipe qui ne vise que le maintien. Une mission trop difficile pour les Bisontins, qui descendent en Division d’Honneur au terme de la saison 1986-1987.

Un événement est passé inaperçu. Il est pourtant capital. Le 27 mars 1986 une poignée de jeunes chefs d’entreprise (petites et moyennes) créent l’association « Foot Avenir » destinée à valoriser et promouvoir la ville de Besançon par le vecteur incomparable qu’est le football.   Ces dynamiques initiateurs, issus pour la plus part de la jeune chambre économique, ont pour noms Gérard Moreau, le président, François Bourgoin, Jean-Claude Fortanet, Marcel Vuillaume, Christian Tacquard, Dominique Wolff, Guy Weinman et Pierre Antoine.

Pendant l’assemblée générale, il est décidé de modifier l’appellation du club. Le Racing Club Franc-Comtois devient le Besançon Racing Club dans le but de faire table rase d’un passé jugé encombrant.

Le nouveau BRC, entrainé par Michel Crevoisier, est champion de Franche-Comté honneur 1988, finissant à égalité de points avec Dole, le goal-average étant déterminant. Dans la foulée, le BRC se classe neuvième en D.4 de la saison 1988-1989.

Gérard Moreaux sait que le club ne peut végéter longtemps dans les divisions inférieures s’il veut s’attirer à nouveau les faveurs du public. Il s’attache les services de l’ancien gardien professionnel messin Jean-Marie Lawniczak comme entraîneur lequel débarque en droite ligne du Racing Club de France. Homme rigoureux et obstiné, il est aussi le vice-président de la ligue de… Paris. Avec François Bruard, il met en place une vraie politique de formation des jeunes, dotant également le club des structures dignes de ce nom.  

En 1990, le BRC accompagne Nancy en Division III après avoir terminé le championnat dauphin des Nancéiens, Laurent Matrisciano, le frère de Sylvain, inscrit 23 des 49 buts bisontins. Mais vouloir accéder à la Division 2, c’est une autre affaire. 8e de son groupe de D.3 en 1990-1991 puis 9e en 1991-1992, le BRC plafonne. Mais avoir retrouvé la Division 3, l’antichambre du monde pro, quatre ans seulement après la cessation d’activité peut être déjà considéré comme une performance.

 

Accession en CNF 1 avec Diego Garzitto puis retour en CFA

Il faudra ensuite beaucoup de patience aux Bisontins. La refonte des championnats va cependant contribuer à donner un nouvel élan. En effet, seuls les quatre premiers de chaque groupe de division 3 pourront accéder au CNF 1 ou championnat de France de football de National 1 lancé en 1993-1994 et qui devient par le fait, le championnat de troisième division.

Mais en coulisse, Gérard Moreaux donne sa démission à l’aube de la saison 1992-1993 au moment où quelques membres du comité directeur évoquent un déficit de 1,3 millions de francs. François Bourgoin assume la charge de président en juin 1992 sans être élu officiellement.

Il choisit comme entraîneur l’ancien joueur professionnel de Lyon, Ajaccio et Cuiseaux Diego Garzitto. L’homme a sorti Lons de l’anonymat (promotion de ligue) pour propulser le club jurassien en D.3. Le pari est rude. Lors du dernier match, le BRC arrache le droit de disputer les barrages. Deux tickets sont à distribuer entre Fécamp, Arles et Besançon. Fécamp s’impose à Arles, Besançon deviendrait le second élu en battant Arles. Laurent Matrisciano joue les sauveurs en inscrivant quatre buts (4-3). La victoire à Fécamp devient anecdotique (0-2).      

Mais le CNF 1, ancêtre de l’actuel National 1, c’est un autre monde. Il est constitué de 36 clubs répartis en deux groupes. 13 équipes arrivent directement de la division 2, 23 de la Division 3. On y retrouve des clubs comme Perpignan, Ajaccio, Châteauroux, Annecy, Grenoble, Rouen Nîmes. Un championnat qui va se professionnaliser rapidement et inéluctablement.

Après une 13ème place en 1993-1994, les Racingmen luttent chaque année pour le maintien, jusqu’à la saison 1996-1997 où les bisontins ne peuvent éviter la chute en division inférieure, c’est-à-dire le CFA 1, cela malgré une douzième place et onze buts signés par un certain Michaël Isabey.

Côté club, la vie n’est pas un long fleuve tranquille. Pendant la saison 1994-1995, le divorce est consommé entre François Bourgoin et Diego Garzitto qui est remplacé par Didier Hodille, l’entraîneur de la réserve, à quelques matches de la fin. Lors de l’assemblée générale du club qui se tient au palais des sports en juin 1995, le comité directeur se réunit pour élire le président. Une formalité pour François Bourgoin ? C’est sans compter sur la rivalité entre deux clans. Jean-Jacques visse obtient un consensus. Il devient président et nomme Jean-Paul Rabier pour succéder à Didier Hodille. 

Besançon Racing Club s’engage dans une nouvelle période trouble et instable, la relégation en CFA 1 en 1997 n’étant pas faite pour calmer les esprits. Besançon a manqué le wagon du National qui l’aurait rapproché du professionnalisme et pire encore, le club s’est endetté en voulant tenter le tout pour le tout.